"En raison de la situation d'insécurité qui augmente ces jours-ci dans le pays, la famille Rendez-vous Christ ne pourra malheureusement pas continuer à réaliser ses services habituels en présentiel dans ses deux camps à Port-au-Prince, Delmas et Cazeau", a déclaré le Dr Julio Volcy, Pasteur titulaire de cette communauté religieuse, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, le samedi 9 mars. Tandis que l'église s'apprête à célébrer son huitième anniversaire ce mois-ci.
Depuis le 29 février, la crise sociopolitique du pays s'accélère à une vitesse vertigineuse et affecte les vies, les biens et les installations institutionnelles tant privées que publiques. En l'espace d'une semaine, près de 15000 personnes ont été obligées de quitter leur maison, estime l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) dans un article publié le 9 mars 2024. Par ailleurs, des milliers de prisonniers sont en cavale après la prise d'assaut des deux principaux centres pénitenciers de l'Ouest, Port-au-Prince et Croix-des-Bouquet, par les gangs armés. Ainsi, ils monopolisent la violence non légitime en défiant les institutions étatiques.
Le gouvernement est contraint de se retirer de la partie par la capacité de nuisance et la puissance du feu de la coalition des gangs, "Viv Ansanm". Alors que l'avenir du pouvoir politique semble une fois de plus décidé par les partenaires internationaux, cette fois-ci sous l'égide de la Carribean Community (CARICOM). Sans oublier l'état d'urgence incluant un couvre-feu nocturne décrété par le gouvernement démissionnaire ainsi que et déjà l'augmentation des prix des produits de première nécessité et la pénurie des produits tels que l'eau et le pétrole.
Cette configuration entraîne le ralentissement, le report voir même l'annulation des activités habituelles, notamment les activités ecclésiastiques. Au cours du week-end du 8 au 10 mars, plusieurs leaders d'églises ont annoncé leur décision de s'adapter à la situation actuelle.
Tel qu'à Sarthe, une localité de la commune de Cité Soleil, après qu'un membre de l'Église Baptiste du Calvaire d'Haïti (EBCH) a été blessé d'une balle au ventre en se rendant à l'EBCH, les leaders ont décidé de suspendre toutes les activités jusqu'à ce que le calme revienne.
Ce n'est pas que les cultes qui sont affectés par le chaos, mais aussi les promoteurs et les artistes. Le milieu culturel évangélique est également le grand perdant de cette instabilité insécuritaire et sociopolitique. Il est à noter que pour le mois de février, plusieurs événements ont été annulés pour les mêmes raisons. Deux des grands évènements prévus pour ce mois de mars sont reportés : la deuxième édition du spectacle baptisé "Fanm leve kanpe" (Stephie et ses 5 voix) à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes et le "Concert et vente signature du premier opus de l'artiste Stanley Georges" programmé pour Pâques.
De cette même veine, il faut s'attendre à d'autres annonces de report, d'un côté, étant donné que le gouvernement démissionnaire a prolongé l'État d'urgence jusqu'au 3 avril 2024 et de l'autre côté, malgré les démarches du CARICOM, l'avenir politique du pays semble incertain lorsqu'on prend en compte la non harmonisation des acteurs politiques et le désaccord ouvert de la coalition "Viv Ansanm" à l'encontre des propositions du CARICOM.
Rédaction: Jonathan Dorziaire